INFLUENCES ODN EN SAFFF (1) RACHMANINOV ...

Publié le par SAF FF


INFLUX... EN... CES...





















 

   





RACHMANINOV                                                                            "La musique d'un compositeur doit exprimer le pays de sa naissance, ses amours, sa religion, les livres qui l'ont influencé et les tableaux qu'il a aimé." Rachmaninov



Sergeï Vassilievitch Rachmaninov, chef d'orchestre, pianiste virtuose et compositeur, est né le 1er avril 1873 à Oneg, près de Novgorod, dans une famille aristocrate russe. Son père, Vassili Rachmaninov, était officier et devint propriétaire terrien, grâce à la dote que lui apporta en mariage Lubov Rachmaninov, fille d'un riche général, la mère de Sergeï. Vassili Rachmaninov dilapida presque tous les biens familiaux et ils durent déménager à St-Pétersbourg. D'un point de vue social et religieux, l'époque ne permettait pas au couple de divorcer, malgré l'état de discorde dans lequel se trouvait leur relation. Vassili abandonna donc sa famille.
Rachmaninov entra au Conservatoire de St-Pétersbourg à l'âge de 9 ans. Élève dissipé et paresseux, il frôla le renvoi en 1885. Sa mère l'envoya au Conservatoire de Moscou. Il y suivit des cours de piano avec Nikolai Zverev et Alexander Siloti, de contrepoint avec Tanaeïev, d'harmonie et de composition avec d'Arenski. Zverev prenait chez lui les élèves les plus doués, pour leur donner une intense formation au piano. Il prit Rachmaninov sous son aile, de même qu'Alexandre Scriabine, qui lui aussi allait devenir un grand compositeur russe. En plus de s'occuper de leur formation pianistique et culturelle, Zverev invita de grandes personnalités. Sergeï rencontra ainsi les compositeurs Piotr Tchaïkovski et Alexandre Glazounov, ainsi que le virtuose de piano Anton Rubinstein. En 1891, il passa son examen final de piano et l'obtint. Il gagna l'année suivante un concours de composition avec sa pièce pour orchestre Aleko. Peu après. Il composa à cette époque son fameux Prélude pour piano, une œuvre qu'il allait être condamné à jouer inlass


ablement en concert toute sa vie, qu'il détestait et pour laquelle il ne toucha pas le moindre argent, ayant omis de déposer un copyright dessus!
De 1893 à 1899, il connut une période trouble. Elle commença avec la mort de Zverev et de Tchaïkovski, qui avait été pour lui un ami secourable. Il tomba amoureux d'Anna Lodjenska, une femme mariée, à qui il dédia sa première symphonie. La première représentation eut lieu à St-Pétersbourg, en mars 1897. Glazounov, le chef d'orchestre, était apparemment saoul lorsqu'il interpréta sa symphonie. L'œuvre fut mal interprétée et détruite par les critiques le lendemain. À cause de son échec, Rachmaninov fit une grave dépression nerveuse. C'est alors qu'il amorça une carrière de chef d'orchestre, abandonnant temporairement la composition, et suivit un traitement d'hypnose avec le docteur Niels Dahl, afin de traiter sa dépression. Grâce à ce traitement et au succès qu'il connut en Angleterre comme chef d'orchestre, Rachmaninov reprit confiance en lui et composa son concerto pour piano no2, une commande pour la Société philharmonique de Londres.
En 1902, il épousa sa cousine, Natalia Satina, qui lui donna deux filles. Il dirigea de 1904 à 1906 l'Opéra impérial de Moscou. À l'occasion de sa première tournée aux États-Unis, Rachmaninov composa son troisième concerto pour piano, d'une virtuosité telle, que son dédicataire, Josef Hoffmann (l'un des plus grands pianistes du 20e siècle) dut renoncer à le jouer. Lorsque Rachmaninov l'interprétait, il avait les mains en feu et était incapable de jouer un rappel à la fin du concert. Il composa à la même époque sa deuxième symphonie, le poème symphonique L'île des morts, d'après la peinture d'Arnold Böcklin, Les cloches, d'après Edgar Poe, ainsi que les Vêpres.
1917: la Russie était en guerre depuis près de trois ans. Dans son domaine d'Ivanovka, Rachmaninov rencontra l'hostilité de ses paysans. Conscient de la révolution qui se préparait, il chercha le moyen de quitter la Russie avec sa famille. La première révolution éclata en février 1917. Des grèves et des manifestations éclatèrent à Pétrograd, qui débouchèrent sur l'abdication du tsar et marquèrent la fin de la monarchie impériale autocratique. La révolution d'Octobre (ou bolchevique) est en fait un putsch de l'armée bolchevik contre le gouvernement provisoire à tendance libérale et démocratique. Entre 1900 et 1914, la Russie connut une envolée industrielle et devint un grand foyer intellectuel. Son visage changea radicalement, par opposition au régime féodal tsariste, où encore 85 % de la population était constituée de paysans. Ces "âmes" étaient libérées de leur servage depuis la réforme de 1861 par Alexandre II, mais leur misère restait la même, car ils ne travaillaient pas leurs propres terres, mais celles de propriétaires terriens. Déjà deux révoltes avaient contribué à saper le pouvoir tsariste: en 1825 et en 1905. Toutes deux avaient tenté de mettre en place une monarchie constitutionnelle, mais sans succès. La guerre meurtrière dans laquelle la Russie s'était engagée en 1914 fut le coup de grâce pour le tsar Nicolas II. La révolution de Février l'obligea à abdiquer. Lui et sa famille furent assassinés par les bolcheviks à Iekaterinbourg, en 1918.
Le 23 décembre 1917, Rachmaninov quitta la Russie avec sa famille, prétextant une tournée de concerts en Suède. Il ne revit jamais plus son pays natal. En 1918, il se rendit aux États-Unis où il donna de nombreux concerts et fit des enregistrements pour la compagnie RCA. Au printemps 1926, il se rendit à Paris où il retrouva ses deux filles. L'aînée venait de perdre son mari et, afin de l'aider à surmonter son malheur, il créa une maison d'éditions musicales à Paris, dont le but était de publier les œuvres de compositeurs russes exilés et confia la direction à ses deux filles. En 1931, le compositeur signa son nom sur un manifeste anticommuniste publié dans le New York Times. Cette prise de position lui valut d'être renié par son pays, ainsi que son oeuvre.
Rachmaninov composa très peu durant la période de son exil, se consacrant davantage à sa carrière de pianiste et de directeur d'orchestre, ce, dans le but de faire vivre sa famille. Il composa malgré tout quelques œuvres, dont la Rhapsodie sur un thème de Paganini, dans laquelle on retrouve une influence Jazz, sa Troisième symphonie et ses Danses symphoniques, d'un modernisme tardif.
En 1939, à la veille de la guerre, il quitta la Suisse, où il avait une villa depuis 1930 et revint aux États-Unis. Ses dernières années furent marquées par l'angoisse de savoir ses deux filles en France, alors que les Nazis occupaient le pays et la tristesse de voir la Russie envahie par les Nazis. Il consacra à cette époque de nombreux concerts bénéfices à une fondation d'aide à la guerre en Russie. Sa générosité lui valut d'être réhabilité dans son pays. Il n'eut pas l'occasion de regagner son pays, car il mourut d'un cancer en 1943, à Berverly Hills.
On reprocha beaucoup à Rachmaninov de n'avoir pas suivit les tendances modernes du 20e siècle. Son œuvre est très marquée par les Romantiques tels Chopin et Brahms. Dans une Russie révolutionnaire, il fut qualifié de "compositeur démodé", "d'imitateur", de "réactionnaire sans valeur". Ce jugement est celui d'une avant-garde qui ne lui pardonna jamais d'avoir fait preuve d'indifférence face aux tendances musicales du 20e siècle. Rachmaninov, sans chercher à se défendre, disait simplement que l'artiste devait être sensible à ce qu'il entendait en lui-même et le traduire fidèlement. Vladimir Askenazy, un grand pianiste qui nous est contemporain, dit de lui que s'il n'était pas apprécié à sa juste valeur, c'est que les sentiments qu'il exprime dans sa musique sont justes et troublants et que les auditeurs ne les acceptent que difficilement. Ses préludes opus 23 impressionnèrent grandement l'écrivain soviétique Gorki et son œuvre pianistique fut amplement diffusée par son ami Vladimir Horowitz (pianiste), qui le considérait comme le plus grand pianiste que le 20e siècle ait connu.

Repères discographiques
"La musique de Rachmaninov a été mal jouée, pendant assez longtemps, de façon racoleuse et exhibitionniste du point de vue du sentiment. Beaucoup l'ont utilisée comme un moyen pour exposer leur virtuosité pianistique." Nicholas Angelich
Un précieux antidote : Rachmaninov par Rachmaninov, en 10 Cds chez RCA. Impassible, souverain, ardent, le compositeur (ce "fauve très suave", comme le décrit Nicholas Angelich) nous donne accès à l'intimité de ses œuvres, et ce malgré la qualité du son, les différents enregistrements s'échelonnant entre les années 1920 et 1940. On découvre alors sa musique beaucoup plus secrète, pudique et profonde, la charge sentimentale et les épanchements lyriques désamorcés, ou, plutôt, transfigurés (il faut écouter, par exemple, le Prélude en ut dièse mineur sous ses mains, concis et fatal, bien moins lyrique qu'à l'accoutumée, ainsi que le Second Concerto, où, dès l'introduction, les cloches s‘abattent sans autre forme de procès et de discours, sans aucune jubilation).
On peut être fidèle à Rachmaninov sans le suivre pourtant à la lettre dans ses œuvres. Vladimir Ashkenazy, président de la Rachmaninoff Society, mais surtout pianiste et chef d'orchestre de talent, a pratiquement tout donné du compositeur russe. On appréciera la lecture qu‘il fait, sans doute moins virtuose mais ô combien poétique et littéraire, attachée aux symboles et aux impressions, des Concertos, des Symphonies ou encore de l'Île des morts. Il sera un merveilleux guide pour découvrir l'œuvre du pianiste d'Oneg, en particulier au fil de sa version des Préludes et des Etudes-Tableaux.
Les œuvres pour piano et orchestre

En ce qui concerne les œuvres pour piano et orchestre, on peut préférer les versions isolées, en grand nombre, aux intégrales (si beaucoup sont d'excellentes qualités, deux méritent une attention particulière, celle d'Howard Shelley et Bryden Thomson, pour Chandos, et celle d'Orozco et de Waart pour Philips).

De toutes les oeuvres de Rachmaninov, le Second Concerto est sans doute celle qui a fait l'objet du plus grand nombre d'enregistrement, des plus passables aux excellents ( par exemple ceux de Rubinstein, Orozco, Cliburn, Janis, Kapell, Grimaud, Lugansky, Kissin etc.). Mais un enregistrement seul, à nos yeux, sort du lot. Richter, qui partageait avec Rachmaninov le secret et la pudeur, en offre une véritable recréation (de préférence chez Deutsche Grammophon, accompagné de Stanislaw Wislocki). Fougueux, rythmique, souverain, irréfutable, sous ses doigts l'œuvre recouvre une complexité phénoménale et une sève si nouvelle et si spontanée. Il faut écouter son formidable assassinat de l'orchestre dans la reprise du thème du tout premier mouvement, instant mémorable, ou encore toute la frénésie et la passion qu'il investit dans le finale. On dira de même de Krystian Zimerman dans le 1er Concerto (DG), incandescent et mélodique, qui redonne à l'œuvre ses accents romantiques et brillants (on écoutera également, dans le même Cd, sa version du Second Concerto, décisive et inspirée). Byron Janis, élève d'Horowitz, donne aussi du Premier Concerto une éxecution rhapsodique et élégante (Mercury, accompagné par Kyril Kondrashin).
Le troisième concerto

Pour le Troisième Concerto, de préférence joué avec la cadence Ossia (on consultera le site "Rach3" pour connaître les pianistes qui jouent cette cadence, ainsi que notre article sur le Troisième Concerto pour en savoir plus), le choix ne manque pas : Kissin (RCA), lumineux et royal, Berezovsky (Mirare, avec Dimitri Liss), trépidant et puissant (qui exécute d'ailleurs une cadence Ossia d'une rare force), Ashkenazy (en particulier accompagné par André Previn chez Decca, poétique et profond, à comparer avec son enregistrement avec Bernard Haitink, plus véloce et, d'une certaine manière, plus fougueux), Argerich pour Philips (bien qu'un peu trop rapide), Byron Janis chez Mercury (pour la noblesse et la virtuosité de son jeu, fidèle à celui de Rachmaninov) et bien sûr Horowitz lui-même, mais en évitant peut-être l'enregistrement dirigé par Ormandy (RCA). Enfin, si Tamas Vasary donne du Second Concerto une lecture correcte bien qu'un peu lente, on pourra apprécier son exécution du "Rach3" pour la mélodie et le chant de son toucher, chez DG (avec en prime, une puissante cadence Ossia).
Le quatrième concerto

Pour le Quatrième Concerto, toujours Ashkenazy (Decca, qui rend l'oeuvre en quelque sorte plus gaie et enjouée, dans le sillage sans doute de l'enregistrement de Rachmaninov lui-même, plus lumineux qu'on ne l'aurait envisagé a priori) et celui qui l'a en partie ressorti de l'oubli, le grand pianiste italien Michelangeli accompagné d'Ettore Gracis (EMI) pour son jeu technique et brillant mais aussi émotionnel, nostalgique, rachmaninovien en somme ... Ceux qui apprécient le charme mélancolique de ce concerto pourrons l'écouter dans sa version originale, sans les coupures, par le tandem William Black et Igor Bugetoff chez Chandos.
Les œuvres symphoniques

Pour les symphonies, nous avons le choix entre les intégrales d'André Prévin, d'Ashkenazy, de Mariss Jansons, de Lorin Maazel et d'Evgeny Svetlanov, toutes les cinq plutôt excellentes d‘ailleurs. On visitera toutefois les enregistrements de Svetlanov (Warner classics), ainsi que ceux de Valeri Polyansky ((Brilliant Classics) pour découvrir les œuvres symphoniques de jeunesse : Le Rocher, Prince Rostislav, le Scherzo, la Symphonie « jeunesse » ou encore le Caprice bohémien.
Etant données la densité et la texture orchestrale de l'Île des morts, il faut impérativement écouter une exécution fine et claire de l'œuvre. Dans l'ordre, Lorin Maazel (DG), Fritz Reiner (RCA) et Ashkenazy (Decca) émerveillent (et terrorisent !) l'oreille.
Les ClochesPour les Cloches, on écoutera à nouveau la version d'Ashkenazy et celle, historique, de Kiril Kondrachine (Melodya). On appréciera également le récent enregistrement de Valeri Polyansky, pour la puissance et la clarté des chœurs
Les deux sonates

Le thème de la mort habite la Seconde Sonate, selon Hélène Grimaud (DG) qui la grave d'ailleurs au coté de la Seconde Sonate de Chopin et sa célèbre marche funèbre. On pourra également écouter les deux sonates chez (DG) par un interprète d'excellence de Rachmaninov : Alexis Weissenberg, sans oublier de visiter l'énergie et parfois la violence d'un Horowitz en live sur la Seconde Sonate.
Autres compositions

Enfin, nous conseillons pour les Opéras l'enregistrement intégral donné par Neeme Järvi pour DG (on pourra également consulter chez Opus Arte le Chevalier ladre en DVD au célèbre Festival de Glyndebourne) ; les Danses symphoniques retrouvent leur vivacité dans l'exécution qu'en donne, à nouveau, Ashkenazy, dont on n'oubliera pas de consulter la version des Variations Corelli, poétiques et tendres, et de la Rhapsodie sur un thème de Paganini.

Ceux qui souhaitent découvrir plus d'éléments discographiques pourront consulter la liste établie par Jacques-Emmanuel Fousnaquer dans son Rachmaninov (Seuil, 1994), que nous reprenons en partie, complétée par nos préférences et mise à jour.

MERIKANTO

Classique


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